
Il faut pencher notre tête, correctement juchée sur le bon bout de notre colonne vertébrale, sur les phénomènes de mode qu'engendra la Révolution Française.

La "Révolution" leur avait "fait tant de mal", que les incroyables refusaient d'en prononcer la première lettre : si on leur racontait quelque chose qui les étonnait, ils s’écriaient : "Ma pa’ole d’honneu’ ! C’est inc’oyable !"Quant aux pantys de ces élégants, rien à envier aux slim slacks d'American Apparel. Le style, c'était d'avoir l'air mal fichu : "gen'e, t'op la classe ton f'oc de t'ave's !"
Des redingotes très courtes, un habit à grand collet, faisant une gibbosité sur le dos, comme s’ils eussent été bossus, une gigantesque cravate semblant cacher un goitre ou des écrouelles, des culottes de velours ou de nankin noir ou vert mal ajustées et faisant paraître leurs genoux cagneux, des bas chinés, tire-bouchonnés sur la jambe, comme s’ils avaient été dépourvus de mollets. En grande toilette, l’Incroyable remplaçait sa redingote courte par un habit à taille carrée et à grands revers, un chapeau claque d’une dimension énorme se glissait sous son bras, et ses souliers pointus rappelaient les chaussures à la poulaine du Moyen Âge.

En termes de coiffure, les cheveux abattus le long des tempes étaient de rigueur. Où l'on découvre que Julien Doré n'est pas l'inventeur de la coupe "oreilles de chien". Parfois, un peigne d’écaille relevait la tignasse derrière la tête, de manière à figurer un chignon et à rappeler la toilette des condamnés à mort. Car ces jeunes gens, réaction thermidorienne oblige, avaient le goût du macabre. Les plus esthètes se coupaient même les tiffes avec un rasoir et non des ciseaux, jugés trop vulgaires.
C'est ici qu'entre dans la ronde les premiers signes de branchouille parisienne sur terre. Yeah ! Pour qui les beaux atours, sinon pour les jeunes déjantés des "Bals des Victimes" ? Les participants, triés sur la guillotine, devaient pouvoir prouver avoir perdu un proche sur l’échafaud. Souvent vêtus d'habits de deuil, ils se déhanchaient à mort pour mieux danser sur les tombes de grand papa ou grand maman.
Les invités devaient saluer d’un mouvement sec de la tête à la manière des condamnés qui placent leur tête dans la guillotine. Les jeunes gens et jeunes filles se faisaient couper les cheveux ras la nuque comme l’avait institué la toilette des condamnés ("coiffure à la victime"). Ce fut aussi la mode des schalls rouge en souvenir du schall de Charlotte Corday lors de son exécution. Comble du bon goût, le fin ruban rouge “à la victime” autour du cou évoquait les corps décapités.


Plus d'images d'incroyables ici
Que dire de l'héritage des muscadiens et autres merveilleuses déculottées ? Faut-il aller aujourd'hui le chercher chez les gothiques ou chez les emos ? ... ou bien chez les harajuku de Tokyo Décadance ? À en croire les lazers à baïonettes du monde de la night, l'amour de la mort continue de réjouir les adulescents.
Alors, pour en finir, un seul mot d'ordre : Mort aux jeunes !!!



1 commentaire:
Bonjour,
serait-ce cet avis de la Peltag qui vous a inspiré un article sur les incoyables et les meveilleuses (d'ailleurs fort instructif) ou bien seulement le hasard ?
http://peltag.blogspot.com/2008/10/look-incoyables-et-meveilleuses.html
Ma curiosité est un vilain défaut !
shiningrubis*** agent de la Peltag.
PS : merci pour la mention de la Mort Aux Jeunes.
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