samedi 22 mars 2008

ralenti vieilli

Ah, le grand retour de la voix off. Alex et sa troupe marchent le long de la Tamise. Une musique retentit. Orchestrale. Solennelle. Avec des petits mouvements cinglants et répétitifs. Une sorte d' allegro, enfin je crois, c'est là où je me dis qu'un récap de base sur la musique classique ne serait pas inopportun....

Bref, j'ai eu un petit moment de "ahahaha, Kubrick est diaboliquement brillant" quand Alex dit tout à coup que la musique jouait dans sa tête (traduction simultanée un peu aléatoire je vous l'accorde) et donc, ces accords que l'on croyait naïvement extradiégétiques, deviennent soudainement incorporés à cet acte de brutalité épaisse. C'est assez génial. Transformer cette musique censée élever les esprits, jouée dans des salles de concert, des églises, dans la "bonne société" en B.O de l'ignoble avec un tel panache, c'est exactement ce qui sépare cette scène d'un "happy slapping" version 60's.
Ce qui est étonnant aussi, c'est que le ralenti est en contradiction formelle avec le rythme plutôt enlevé et rapide du morceaux. Pourtant, ils s'approprient l'un l'autre avec une évidence absolue.

Ce qui me paraît moins évident, c'est le ralenti lui même. En revoyant ces images, j'ai été frappée par cette lenteur, et je me demande si la scène n'aurait pas été plus effrayante encore si elle s'était déroulée de manière réaliste. Ou alors, le ralenti sert à nous faire partager les choses telles qu'Alex les vit et les ressent à ce moment précis, comme si tout se déroulait de manière fragmentée, seconde par seconde, où le temps s'étire et où chaque micro geste prend une importance considérable. Ainsi, qu'est-ce qui fait que d'un instant à l'autre une irrépressible envie de jeter ses deux compagnons dans l'eau glaciale du fleuve s'empare de lui?
Kubrick se défie d'explications psychologisantes, et je ne vais pas sombrer dans cette pente non plus.

Pour revenir sur le 4è larron condamné au hors champ, il fait ici une spectaculaire incursion à un moment. Je ne sais pas si vous avez remarqué son bond, il est un peu le Tigrou de la scène! Par ailleurs, le fait qu'Alex ne le balance pas dans l'eau est presque un signe de son désintérêt pour le personnage. Cette absence de châtiment semble marquer son indifférence. Qu'est-ce que vous en pensez?

Sidenote, même si je ne m'attarde pas sur l'ultime transition "scène du bar", je tiens à dire à quel point j'aime ce décor. Je ne sais pas si vous avez également remarqué la manière avec laquelle Kubrick s'attache à filmer la première pièce, comme pour nous insérer dans l'atmosphère du lieu, avant de se concentrer sur les "voyous"!

2è sidenote: que penser de ces espèces de coques ridicules et surdimensionnées, sortes de couches culottes pour escrimeurs? "Mirlaine" je suis sûre que tu as une explication freudienne à nous livrer!

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